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Avé Maja

dimanche 30 novembre 2008

Texte de Alain Hervé

Daniel Maja n’est pas un dresseur d’éléphants. Et pourtant… ?

Daniel Maja n’est pas non plus diplômé d’architecture par le gouvernement, mais il a bien construit un millier de palais. Et il n’a pas terminé. Il méprise le pavillon utilitaire. De ses palais ne considère que les façades. À vous de meubler les arrières.

Dans ses temps libres, il construit aussi des ponts, des minarets, des arcades, des à pics, et des villes, et des campagnes, et des océans et des marées et tout ce qui s’en suit. C’est un bâcleur.

D. M. n’est pas organiste à mi-temps, ni aiguilleur de chemins de mer, ni chorégraphe pour chats, ni transporteur de dômes en petite vitesse, ni déshabilleur de dames, ni travestisseur de Polichinelles, ni géologue es granit, ni bandonéoniste d’autruches, ni déclencheur de gravité restreinte… mais il a touché à toutes ces disciplines urgentes.

Et il ne s’en laisse pas compter par les rabatteurs d’enthousiasme, les démonteurs de vertiges, les constipés de réserves, les ravaleurs de délires.

Daniel Maja arrive du fond de la nuit avec ses unijambistes, ses Chevaliers du Mouton d’Or, ses évêques à queue de paon, ses morues à tête d’évêque, ses orgues sous le vent, ses rhinocéros, ses piverts, ses liseurs d’horoscopes dans la brume du soir, ses chats linguistes…

Il nous laisse à plat sur le sable.

Daniel Maja, inclinez-vous, a du Venise dans le caleçon et une haleine de cyclope. Il nous fout du vertige métaphysique dans le plexus. Mine de rien.

C’est un géant de la plume, de l’encre, de la gouache d’avant-guerre, du lâcher de barbouille, de la glissade à l’abîme, de la rédemption des rêves.

Ainsi-soit-Daniel

Alain Hervé

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