Maja, “Autobiographie” mai 4 2011
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Cette image qui a pour titre “Autobiographie” est un dessin réalisé par Daniel Maja (http://www.danielmaja.com/). Elle a été publié dans le Magazine Littéraire, un mensuel français qui, come son nom l’indique, a pour sujet la Littérature.
Sur un décor en extérieur au second plan, se détache très nettement un être nu, pour le moins étrange, qui s’adonne à l’écriture sur une sorte de chevalet. Cette entité n’a qu’un seul bras qui émerge du sommet de son crâne et dont la main est recourbée en direction du centre de son corps. Eu égard au titre de l’oeuvre, on peut voir dans la représentation de cet être “extra-ordinaire” la volonté de mettre en avant la singularité de l’écrivain, individu traditionnellement considéré comme à part, voire marginal.
Plus précisément, cet écrivain s’apparente à un autobiographe. En effet, il vient puiser la matière de son oeuvre dans un orifice ventral (merci Yvon) qu’on peut considérer soit comme son nombril, soit comme sa bouche. Ces deux interprétations coïncident voire se superposent : le nombril représente de fait la vie (”bio”) puisque c’est par là que l’enfant est nourri et, d’autre part, on dit d’un individu qui n’a pour seul centre d’intérêt que lui-même qu’il est “nombriliste”. Quant à la bouche, elle est un moyen d’expression. Au final, qu’on opte pour une interprétation ou l’autre, le lien avec l’autobiographie est évident puisque dans ce genre d’oeuvre, l’écrivain se choisit pour sujet de son oeuvre et est donc au centre de celle-ci tout comme l’orifice de notre “entité” est en son centre.
Grâce à cette substance puisée en lui-même, le “monstre-écrivain” ne produit qu’un seul et même mot : “moi”, répété à six reprises. Selon toute vraisemblance, il s’agirait là d’une façon de dénoncer la dimension narcissique de l’oeuvre autobiographique. Par ailleurs, ce chiffre 6 a probablement une dimension symbolique. En effet, il correspond, dans la Bible ( = ”le livre”, en grec) au nombre de jours qu’il fallut à Dieu pour créer le monde, la vie. Ainsi, à l’instar de Dieu, l’écrivain créerait la vie, ou plutôt sa vie, en 6 étapes. Et, dans un élan d’égocentrisme, l’écrivain pousserait-il le vice jusqu’à vouloir dépasser Dieu en plongeant une septième fois sa plume dans sa propre substance ?
Au final, cette oeuvre de Maja s’impose comme une sorte de critique de l’autobiographie. Il semble nous peindre son auteur comme un être narcissique, exclusivement centré sur lui-même.
j aime bcp
Belle représentation de l’autobiographie. L’étude de l’oeuvre que j’ai faite personnellement coincide avec votre description.