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Les Bonheurs de Maja

lundi 1 octobre 2001

Source : Magazine Littéraire n°402 – 01/10/2001

Et voilà qu’un grand vent se lève, hérissant les palmiers, ou peut-être pas de vent du tout , et les silhouettes solitaires bougent à peine dans un silence de chat. Les dessins de Daniel Maja, qui font le charme des journaux, tels Le Monde , le Magazine littéraire ou le New Yorker , inventent des saynètes pleines d’humour, des bestiaires paresseux et des lumières de traîne. Les brimborions du quotidien partent en pas de danse et glissent, aériens, dans l’incongru. Avec des finesses d’oiseaux et des mouvements liquides, les personnages s’étirent comme des ombres, les fenêtres s’ouvrent, les balustres ondulent, les pages débordent et l’horizon redevient mouvant. Dans l’ocre du soir qui monte du sol, le temps enfin s’alanguit, l’air fraîchit. Et chuchote, au bas du dessin, une toute petite légende, comme portée par le vent, aussi délicieusement absurde qu’une phrase envolée d’une conversation. Page après page, les Bonheurs de Daniel Maja composent une fugue, si légère, « juste un souffle d’air ».

Anne-Marie Koenig

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