Ils sont revenus, remontés du Sud, depuis que les mers se sont réchauffées, Ils cherchent leur nourriture dans les zones d’épandage qui bordent la Cité. Ils sont entrés par la Porte de l’Ouest, du coté de l’Océan, ils ont traversé les marécages. Nous observons des terrasses leurs lentes reptations, leurs souffles rauques, leurs halètements douloureux.
Le jour, ils se regroupent à l’ombre des maisons, la nuit tombée, ils se répandent dans les rues par groupes, semblant obéir à d’étranges consignes. Leurs chants plaintifs nous tiennent éveillés, c’est un lamento qui va croissant, s’enfle comme une vague puissante qui cesse soudain, l’attente inquiétante, et de nouveau jusqu’au lever du soleil.
Certains d’entre nous, n’y tenant plus, sortent sur les balcons, se mettent à pleurer, à gémir à l’unisson. Le matin nous voit épuisés, sans forces.
Georges dit qu’ils sont là pour longtemps, qu’il va falloir s’habituer, vivre à leur rythme, apprendre leur langage; pour l’instant, ils sont paisibles…
Mais qu’avons nous donc fait?
La vie brève |
Pas de quoi s’affoler! Les espèces en voie de disparition migrent d’abord. Puis mutent. Une affaire de quelques millénaires au plus. Patience! Geduld! Geduld!