A cette période, l’oncle Adrien venait nous visiter en soutane, il apportait des cadeaux de là-bas.
Pour les parents, des tissus bariolés et des masques avec plein de clous ( qu’ils fourraient, dés son départ, dans des coffres à cadenas)
Moi, j’avais mes figurines en laiton: des sorciers en transes, des pileuses de mil, des guerriers furieux, des musiciens balafonant, des crocodiles, des autruches, des rhinos qui chargeaient et même des flèches à pointes de fer qu’on me confisqua aussitôt. C’était Noël à Pâques!
La dernière année qu’il vint, ce fut très bref, une auto l’attendait en bas avec une dame au volant, il avait un costume bleu et sentait la mousse à raser, j’eus un sac de gris-gris,une pirogue avec 7 rameurs et une pipe sculptée dont je découvris plus tard l’usage et le sens caché…
La vie brève |
Comme j’envie le neveu d’Oncle Adrien !
A l’âge où on ne lit pas encore Malraux, voici tout un Musée imaginaire qui lui est tombé, enfant, dans le bec !
Et sa mémoire semble ne pas avoir oublié, des années après, le bric-à-brac que les Surréalistes auraient désigné comme merveilleuse aubaine venant d’un missionnaire qui , sans doute, avait trouvé plus judicieux de défroquer …
J’ai perdu mon dictionnaire de bambara. Un ami immigré, venu du mali, ou il était griot m’a aimablement secouru. « Mais qui joue encore du balafon ? » me dit-il. Nos jeunes ne rêvent plus que de guitare électrique !
Soutane, soutane … Ah ! oui ! Je me souviens …
Merci Daniel.