En cette saison, de singuliers agencements apparaissent dans les champs, derniers témoignages d’anciens cultes agraires. Les oiseaux s’en approchent, on observe le vol noir des corbeaux sur la plaine, on oracule, on prédit des grêles redoutables, des orages apocalyptiques, des pluies de crapauds, des canicules d’enfer. On calibre la taille des fruits, on en goûte le jus, on pense en barriques, on distille dans sa tête, on s’enivre de conjonctures. Passe un épervier, la récolte est foutue, une buse, c’est la Bourse qui s’affole. L’Homme d’alors était naïf, prompt à rêver, il s’échauffait l’âme d’un rien, il comptait en coudées et en pieds. Quand sonnait l’Angélus, il posait sa brouette et enfonçait sa fourche dans la glèbe.
La vie brève |
Ave, Maja, gratia plena…