La vie brève |

694. Libre-Esprit

jeudi 22 août 2013

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Quand la chaleur tombait, nous montions aux ruines du château. Les allemands l’avaient fait exploser lors de leur retraite de 1918, dans une orgie de destructions et de terre brûlée. Depuis la végétation l’avait envahi, descellant les pierres, les arbres s’y étaient enracinés. Les couleuvres albinos et de petits lézards sombres s’enfuyaient à notre approche. On entendait dans l’ancienne citerne, le tintamarre lugubre des grenouilles aveugles.
C’était cependant, parvenus au faîte, une retraite agréable, les saules là-bas frissonnaient avec des bruits d’éventails, nous suivions le vol des libellules, des sphinx- colibris (Macroglossum stellatarum) butinaient les géraniums sauvages. Georges lisait le dictionnaire khazar.
Une communauté de bégards s’installa un temps, tentant de ressusciter la foi et les rites des Frères du Libre-Esprit, c’était trop tôt ou trop tard, ils durent s’exiler et essaimer au Brésil. Des graffitis gravés qu’on lit du bout des doigts attestent leur passage.

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4 commentaires sur “694. Libre-Esprit”

  1. yro dit :

    N’est-ce pas dans ces parages qu’un célèbre écrivain entomologiste allemand fut blessé par une balle perdue alors qu’il étudiait des larves de trichoptères aquatiques dans la mare d’un trou d’obus?

  2. Georges dit :

    Cher yro,

    Effectivement, Willem Appolinaris Junger , l’auteur des mamelles de Tirésias et des Chasses subtiles s’est ramassé là un mauvais coup, on avait mis une stèle à cet endroit que des margoulins lambertistes canal historique ont volée et vendue aux enchères sur ebay. Quant aux trichoptères, ils se sont fait la malle.

  3. yro dit :

    Cher Georges,
    Je me permets d’ajouter que, comme le dit la devise de Nietzsche, un de ses bons maîtres, la blessure fortifie, et que le dit Junger est mort centenaire, après avoir connu onze mille vierges et plusieurs demies de la haute société germano-pratine (pratine?).

  4. kotwica dit :

    At spes non fracta.

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