Georges avait repris ses croquis. Il tentait de saisir le monde. Les plongeons de Berthe exerçaient sa sagacité… le moment où elle pénétrait dans la mer, les gerbes d’écume, les myriades d’éclats de lumière, la couleur de la peau juste avant d’atteindre l’eau, la courbure de ses reins, le mouvement des vagues… elle remontait et plongeait derechef…
Le soir, après sa partie d’écarté avec le maçon grec qui lui louait le bungalow pour la saison, tandis que Berthe épuisée dormait, Georges nota laconiquement dans son journal : « J’ai renoncé à comprendre, mais les 73 plongeons de Berthe furent admirables ».
La vie brève |
Le professeur Nimbus me fait remarquer que le bruit de l’eau avalant le corps de Berthe n’est pas mentionné. Selon lui, ce ne put être gloup, ni plouf, plof, encore moins plaf et sans doute pas même flop, car le flop étant défini comme une opération en virgule flottante ne peut évoquer l’immersion. Ssslttssch, avec quelques harmoniques cristallines évoquant une sonatine marine ouïe dans la conque nacrée d’un triton? Un son était-il même perceptible?
558 – Naïas Bertha artius dormit, dum laconicus Georgius, sicut (alias?) Danielus, blogum nutrit : vita brevis!