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939. En meulière

dimanche 22 décembre 2019

Georges descendit à l’avant-dernière station, l’autobus continuait jusqu’à l’Hôpital. Le 48 de la rue n’était pas loin, un pavillon en meulière, des achélèmes l’enserraient presque à l’étouffer . La grille était entrouverte, petit jardin bien entretenu, quelques arbres malingres. La porte juste poussée, on l’attendait. L’homme l’accueillit simplement, ils se firent les signes de reconnaissance puis l’accolade.
Le salon était encombré par des sortes d’aquariums sans eau, remplis de bouts de bois, de tiges cassées, de débris végétaux, de feuilles désêchées ou froissées. Comme on l’incitait à observer plus avant, Georges remarqua que les brindilles bougeaient par à-coups et il se souvint de l’instituteur qui l’avait initié à l’élevage des phasmes. C’était une extraordinaire collection de phasmes, du banal Clonopsis gallica au Phobaeticus Chani de Bornéo géant, de l’Extatosoma à l’Heteropterix dilatata.
Plus tard, ils trinquèrent en devisant sur les leurres et les masques, sur l’univers mimétique, la confusion des règnes, les connivences et les symbioses ( l’Ordre savait choisir ses membres).
La nuit était tombée, Georges reprit l’autobus qui le brinquebala jusqu’au métro. Deux changements, pour une heure au moins, Georges pouvait rêver de Magritte, ou de Tchouang-Tseu, le gardien boiteux du jardin des canneliers.
C’était une belle leçon de choses, et d’autres.

2 commentaires sur “939. En meulière”

  1. affre dit :

    Et une belle leçon de vie! Merci beaucoup

  2. Achélème, avec ta graphie, est d’une poésie qui donne envie de s’y installer… L’orthographe est tentartice et perverse…

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