Il revenait de la-haut par le sentier qu’il avait tracé, façonné, à force de passages. Il était allé dessiner dans la montagne, s’imprégner de la force vive des pins noirs, ceux qui s’agrippent et retiennent la roche. Sur ce versant ils n’étaient pas hauts, le vent les rabattait, les attaquait de front, c’était des vieillards noueux, rablés, il aimait leur façon de s’arquebouter, de résister, il aimait leur opiniâtreté sarcastique face à la fureur des vents.
Il s’était aménagé un abri derrière une impressionnante pierre plate, un lithophone qui, sous les coups du marteau de buis, réveillait la voix sombre de la Montagne. Puis il dessinait, dessinait jusqu’à oublier.
La vie brève |
Ah, ça c’est toi… les pins noirs, c’est ici.
Bon, Daniel, oui, on se voit bientôt.
La semaine qui vient je vais être nantais.
Retour après Pâques.
Je t’appelle quand j’ai une venue à Paris.
Bises à vous deux.
Benoît
Comment ne pas être touché par cette expérience du paysagiste ? Dans nos contrées c’est plutôt le pin sylvestre mais le cœur inclut aussi celui d’Alep et le cousin parasol. Merci Daniel pour ces petits bonheurs.
J’aime ces pins noirs , ces « résistants », j’aime le parcours compliqué qu’il faut faire pour leur rendre visite. Je les vois peut-être dans l’image, mais aussi et peut-être plus encore dans les mots. Cette sensibilité à l’arbre partagée…. Et encore la mystérieuse pierre lithophone que j’ai envie moi aussi de frapper du marteau de buis… et tout ce qu’on devine sans pouvoir le dire heureusement. Du bel art. Amitiés chaleureuse à tous les deux. Bruno
Chez nous, c’est notre camélia qui affronte la tempête. Il y a un tapis de pétales rouges sur le sol moussu…