Georges observait en son jardin, en partie laissé en jachère, la survenue inattendue de plantes d’une autre latitude, longtemps dissimulées et chétives, elles s’exposaient maintenant, s’épanouissaient, murissant leurs graines, sentant les temps propices.
Coté insecte, le Sphinx Colibri, venu des régions méditerranéennes butinait nos géraniums et onagres champenois, suscitant notre curiosité et admiration avec sa longue trompe effilée, son allure d’hélicoptère, ses battements d’ailes (75 par seconde)*.
Nous guettons avec inquiétude l’arrivée du frelon asiatique, tueur d’abeilles, du ver à tête de marteau, exterminateur de lombrics, nous vivons les derniers moments de béatitude à l’ombre des chênes, les feuillus céderont bientôt le terrain. Nous avons même vu, à l’orée du Bois de Vincennes, sur le trottoir à Saint-Mandé, un scorpion noir, l’avant-garde de quelle armée?
* Au grenier, nous avons retrouvé le n°86 de la Hulotte de mai 2005 sur le Sphinx Colibri (42pages)
Au royaume de Georges et d’Alice, le jardin est dans le grenier, le grenier est dans le jardin. Les fleurs n’y ont pas d’ex-libris. Les livres y sont des adventices semées par les hirondelles dans la terre des interstices des vieux murs de pierre où les hélices des Sphinx colibris vrombissent.
Et rassurons-nous, à l’orée du Bois de Vincennes, les invasions passent. Paris reste. Nous irons toujours danser chez Temporel.