Il avait quitté son trois-pièces du centre-ville, sa famille et ses amis de comptoir, pour aller dans un ermitage de montagne (recommandé par le guide du routard taoïste).
Il avait attendu son tour, les amateurs étaient nombreux.
Là-haut, à peine arrivé, son enthousiasme lui dicta un haïku inspiré.
Puis il expectora tous les miasmes de sa vie passée, jour après jour, il devint bientôt vide comme une tige de sureau dont on aurait retiré la moelle, le souffle régénérateur y circulait à l’aise, de bas en haut et inversement.
Ses haïkus étaient vaporeux et mauves.
L’hiver étant venu, il commença à s’ennuyer, le présent éternel lui pesait.
En outre, tel Saint-Antoine, il fut assailli de pensées insidieuses, délicieusement charnelles, le vide devint trop-plein.
Il quitta l’ermitage un matin, laissant la place au suivant, il était resté trois mois.
Ses derniers haïkus n’avaient plus que deux syllabes, et encore !
J’aime beaucoup, autant que les autres LVB mais peut être un peu plus !
un matin de kiju
kakemono blanc du lac
des traces de pas