La journée s’était terminée en un ciel baroque, symphonie de rose ancien, de céruléum tendre, de mordoré. Tiepollo, Le Lorrain, Turner… Des cygnes passèrent en ahanant.
Il revenait du cimetière, sur la colline au bout du village. A l’entrée, on avait abattu les tilleuls centenaires, mis à leur place une armoire de granit pour les cendres des trépassés modernes, avec un banc massif pour les méditations creuses.
Sur la tombe d’Hadrien, les lavandes jaillissaient, elles avaient pris leurs aises, une nuée de bourdons, d’abeilles, de guêpes, ça ronflait et brazillait dans l’air vibrant et surchauffé…
Il passa devant le carré des soldats sagement enterrés là, inconnus,français et allemands, après la boucherie de 14-18. C’était ici la cote 117, vaillamment reconquise à la baillonette nue.
Il y a un siècle, août 1913… le dernier été avant. Peut-être que les abeilles se racontent, d’essaim en essaim.
Adrianum sepulcrum non est in Sancti Angeli Castello?