La vie brève |

594. La somnambule

mercredi 1 février 2012

Vous souvenez-vous, Georges, de la longiligne Bertha, de sa mélancolie brumeuse, de ses yeux céruléum, de sa voix d’au-delà, quand les nuits de pleine lune, elle rodait de pièce en pièce, dans cette grande bâtisse baroque et décatie où nous nous étions réfugiés ?
La chose se sut, qu’une somnambule gyrovague prophétisait. Les amateurs vinrent nombreux, et de plus en plus.
Notre petite ville en tira une renommée certaine, des bookmakers s’installèrent, des cryptologues ouvrirent boutique, on citait des miracles, le fisc même enquêta.
Las, un jour Bertha partit au bras d’un deuxième violon slave, pour le Destin glorieux qu’avait prédit la Voix.

À l’heure où l’Europe sombre, nous n’avons plus de vigie. Triste époque !

Un commentaire sur “594. La somnambule”

  1. Kotwica dit :

    O tempora! O mores!

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