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540. Un philosophe de comptoir

jeudi 24 mars 2011

Tôt le matin, le petit noir (1,20 euro, il devait baisser !) lui inspirait des tirades fielleuses contre le salariat, le délabrement des services publics, l’incompétence des experts et l’impudence des élites.
Le petit blanc, un Pouilly fuissé (cuvée spéciale du Patron) le lançait dans d’acrobatiques théories sur la bêtise insondable de l’espèce et son goût morbide pour l’autodestruction.
Plus tard, le rouge bien chambré l’emportait vers l’Harmonie des Sphères, la Compréhension Universelle et la Fusion dans l’Unité. Sa voix était ambrée comme un malt vieux, elle coulait en vous et l’hypothalamus baignait dans une douce torpeur.
Vers 18 h, de douteux coquetèles l’entraînait dans d’ardentes philippiques contre l’ordre ploutocratique libéral, ses maîtres et ses valets… Il brossait alors des fresques grandioses… des Césars basculaient dans les latrines de l’Histoire…
Nous, ses voisins de comptoir, on savourait notre revanche, il nous forgeait l’âme, elle en avait bien besoin, avant d’aller affronter à 20 h, la Réalité médiatique.

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Un commentaire sur “540. Un philosophe de comptoir”

  1. Kotwica dit :

    In vino veritas

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