La vie brève |

1034. Mystères de l’Epicerie

vendredi 14 mai 2021
L’épicerie Zurcher était la seule haute bâtisse de l’impasse de l’Avenir, tout autour s’étendaient des friches avec des arbres maigrichons et plus loin, les silhouettes obèses des gazomètres… On m’y envoyait faire les courses…
La mère Zurcher semblait une ogresse, c’était une femme forte, maflue avec de petits yeux vifs enfoncés, je refusais les boules de gomme rouges qu’elle allait chercher dans de grands bocaux de verre…
Je n’ai jamais vu le père Zurcher, une trappe menait à son antre, au sous-sol où il vivait; de là, venaient des grognements, des jurons, des bruits sourds et des coups…
Alors, achats faits, je m’enfuyais à toutes jambes,
sur le chemin, mes galoches faisaient crisser le mâchefer…

3 commentaires sur “1034. Mystères de l’Epicerie”

  1. Un galopin en galoches fuit les taloches!

  2. yro dit :

    Je ne suis allé qu’une fois chez Zurcher, envoyé par ma grand-mère. J’ai été servi sans un mot par une jeune fille très blonde avec un air sauvage et égaré qui m’avait frappé. Je me souviens bien de ses lèvres roses pâles délicatementt ourlées, figées dans une moue que démentait l’éclat d’yeux noirs incessament mobiles. Etait-ce la même boutique ?

  3. Daniel Trouillot dit :

    Tu nous parles « d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ». Celui des pochettes-surprises. Cela ressemble fort à l’épicerie de ma grand-mère ! Bien que sévère, elle était loin d’être aussi épouvantable que la mère Zurcher et m’excusait de tout. Quant à mon grand-père, c’était la pâte des hommes. S’il pouvait lire « L’auvergnat de Paris », tout allait bien. Merci pour ce voyage dans le temps.

Laisser une réponse