J’étais là quand ils sont revenus, les tatous, très en avance sur la saison, ça m’a troublé…
Je les ai tous reconnus : Celui-ci à l’allure nonchalante, c’est Jeronimus, celui-là qui ondule en roulant des mécaniques, Pélléas, les grognements plaintifs, Nicomèdas, la carapace qui crisse, Horace et Léon et Protagos et les autres… Ils sont passés devant nous, ils nous ont regardés de leurs yeux roses infiniment tristes.
Mais pouvais-je prévoir qu’au bout de leur marche, ils se jetteraient comme des lemmings dans l’océan et qu’ils seraient les derniers des tatous ?
Sans doute cet instinct enfoui dans leurs gènes qui, lorsque sur notre terre encore on a virus, les pousse à rejoindre le Tatouland disparu…