Les jours de juin, comme celui-ci, quand la brume sur le lac s’était levée, nous allions au Café turc, sur la rive. La discussion entre le soufi et le poète perdu, que notre venue avait interrompue, reprenait pendant qu’ils préparaient avec soin le café des Amis.
Tandis qu’ils côtoyaient les Anges et parlaient aux oiseaux célestes, les grains torréfiaient dans la poêle, l’eau bouillait, les grains broyés dans l’antique moulin crissaient et un parfum alchimique se répandait dans l’unique pièce dont les fenêtres aux vitraux bleu céleste, vert tendre et cinabre donnaient sur le lac.
En versant le café sombre dans nos tasses, le Turc chantait ce poème où de jeunes femmes dans le pays au-delà de la montagne cueillaient des roses, les fleurs mêlées au sucre et écrasées devenaient cette divine confiture que nous goûtions au cœur des beignets que l’on nous avait servis.
La vie brève |
Je me souviens de ce jour-là. L’orgueilleux mendiant somnolant sur la berge, plus bas, c’était moi. L’odeur du café et des beignets m’ont rassasié jusqu’au soir.
Je me souviens de ce jour-là. L’orgueilleux mendiant somnolant sur la berge, plus bas, c’était moi. L’odeur du café et des beignets m’a rassasié jusqu’au soir.