Georges fut un Voyageur curieux et méthodique. Il questionnait les indigènes des lieux qu’il visitait, les soumettant à de longs interrogatoires minutieux, sur leurs techniques, leurs origines, leurs moeurs et leurs amours…
En retour, il y avait bien souvent des bouches closes, des regards soupçonneux, une exaspération croissante, mais Georges savait se montrer généreux, souvent au dernier moment, et les tensions s’appaisaient.
Il notait les informations recueillies et celles qu’il inventait dans un carnet à couverture de cuir et coins dorés, un élastique le tenant fermé.
Le soir, au bivouac, il les mettait en forme dans un cahier noir in folio, il y joignait ses croquis, des fleurs et des plantes séchées, l’ordinaire des repas, les incidents de la journée et les réflexions philosophiques de son cru.
Dans une boite ad hoc, il rangeait des bouts d’écorces, graines, insectes aptèrygotes et ptèrygotes épinglés et étiquetés.
Il écrivit quelques livres aux titres exotiques ou il mêlait ethnologie et divagations ésotériques, science du jour et anecdotes avantageuses et pittoresques. Il eut une gloire éphémère dans quelques salons et se maria. Il n’eût pas d’enfants, donc pas d’auditeurs à édifier et ennuyer.
Ses récits se fossilisèrent, des pans entiers s’évanouirent, il sombra dans une béatitude séraphique. Sa femme épousa un armateur grec, banalement.
N’est-ce pas ce précieux carnet de notes à couverture de cuir et coins dorés qui fut retrouvé dans une poubelle de l’avenue Bolivar à Caracas après que des pickpockets le lui eurent volé dans un escalier du métro? On m’a dit qu’il en avait été plus vexé que rasséréné… Les écrivains, même voyageurs, sont gens compliqués.
Cher voyageur plus ou moins immobile…
Ca me fait penser aux Carnets de Voyage de notre ami clermontois, Michel, évidemment.
Pensées affectueuses pour lui.
Moi j’aime faire des fiches sur l’envers des tablettes de chocolat…
J’en ai mangé des centaines… pas des fiches ! des tablettes de chocolat !