Le soufi, près de mon banc habituel où je me suis installé pour lire quelques soties de Gilbert Lascault, le soufi donc, tourneur, a remplacé monsieur Bô, le taoïste malicieux qui taï-chisait cet automne, question de saison…
Bientôt ce sera le moine zen et ses retours de bâton, puis l’été, les capoeiristes, les marcheurs nordiques, l’école de tabla blabla, et les ébats galants des dames du bois.
Mais j’aurai déjà quitté mon banc pour un autre, plus tranquille, j’y lirai « Belle lurette » de Jacques Perret ou les derniers poèmes d’Eric Poindron.
Le square Montholon est un îlot de verdure un peu poussiéreuse et de jeux d’enfants multicolores au bord de l’autoroute urbaine dénommée rue Lafayette (9e arr.). Sous les frondaisons de ses hauts platanes, tôt chaque matin du mois d’août au milieu d’une allée du jardin désert, un gymnaste asiatique impassible pratique pendant une heure et demie le nunchaku, traçant dans l’air des figures géométriques rituelles avec des bâtons reliés par des chaines. Il ne trouble pas les quatre jeunes femmes de pierre, gracieuses catherinettes en longues jupes à volants et chapeaux fleuris qui se tiennent par la taille et chahutent sur leur socle depuis plus d’un siècle (hommage « A l’Ouvrière Parisienne »).