Comme chaque année, nous sommes allés consulter le Veilleur.
Bien que l’horizon et le futur proche fussent bien bouchés, les cumulonimbus et les perspectives bien inquiétants, nous attendions de l’Oracle un peu de réconfort.
En arrivant, nous constatâmes qu’il était dans le sens du vent.
Nous prîmes une consultation à 27 Euros qui donnait droit à un poème sibyllin en vers rimés, à 2 palindromes et à un anagramme. Georges radin et sceptique s’en contenta d’une à 5 Euros dont aussitôt à priori, il contesta le bien-fondé.
Le gardien nous précéda jusqu’à la chambre oraculaire où, en transes, il griffonnait ses billets. Leur sens était obscur et allégorique, paradoxal et oxymorique, fumeux et gouleyant.
La descente de l’escalier en colimaçon nous remit l’âme en place.
L’on put alors s’élancer, confiant, dans la nouvelle année.
Le phare de la Nouvelle Année, au pied duquel j’attends Georges ce soir pour aller ensemble jeter un oeil sur l’horizon, après sa visite à l’oracle et pour clarifier un peu de visu son obscure bulletin, est maintenant équipé pour la montée d’un escalier mécanique en colimaçon, à grande vitesse. C’est une nouveauté et on le prend sans aucune assurance. Il peut paraît-il s’emballer et vous projeter dans la vrille du temps, sans retour garanti sinon peut-être, après transmigration de nos âmes immortelles, pour ceux qui y croient seulement, métempsicosés. Mais, dans ce cas, comment se reconnaïtre? (Georges me doit 5 Euros).
« métempsycosés » plutôt!
Le ‘χ’ de μετεμψύχωσις commanderait en principe métempsychose. Robert (pas Y, le Petit) n’authentifie que métempsycose, cependant que le Robert après rétro-transmigration de Rey, à savoir le Dictionnaire historique de la langue française, énonce ‘métempsychose’, avec, au passage, une mention assez dédaigneuse : « L’Académie (1934) ne reconnaît que la graphie métempsycose. ». Tels sont les ravajs de la réphaurm de l’aurthograf, dont Finkielkraut est un nouvel activiste.
Donc que le Veilleur a encore du boulot.