La vie brève |

751. Gibets

lundi 25 août 2014

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En ce temps là, Georges se rendit vers le soir à son observatoire de l’ouest.
La contemplation des gibets vides depuis des siècles le plongeait dans une délectation morose, c’était là ses « vanités ».
Les oiseaux s’y perchaient, les migrateurs s’y reposaient, les grands-ducs lançaient leurs appels. A leurs pieds, les mandragores autrefois nombreuses n’y poussaient plus.
Le vent d’automne fit grincer la roue, des corbeaux freux s’envolèrent vers le nord, ils étaient trois.
Georges rentra et se servit un cordial, il nota soigneusement sur le carnet bistre ses observations.
Parfois Georges invitait des ami(e)s. Après la promenade de l’ouest, il se mettait au piano, l’on chantait des lieder au vieux temps, à la survie de l’espèce, aux vendanges, aux trépassés de  l’année et à la résurrection de la chair. Un souper suivait, toujours surprenant et raffiné tandis que les conversations et le lustre de Venise brillaient de mille feux.

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