Ils auraient pu se rencontrer, aller prendre un café au coin, puis faire la queue trois heures pour visiter l’exposition « Hopper », ils se seraient découvert des goûts communs, celui de la goulache, du bortsch froid à l’ukrainienne, des kakis et des falafels, qu’ils aimaient de Satie, les « Gnosiennes » et de Schubert le Schwanengesang, qu’ils rêvaient de plonger dans les eaux froides et limpides d’un lac finlandais après sauna, de respirer le parfum des mimosas en février, de flâner sur la place du Palio à Sienne… Et puis ils se seraient mariés, auraient eu des enfants et des fins de mois difficiles.
En fait, ils se virent, un jour, dans un bureau banal, rue Sébastien Bottin, elle était éditrice. Il lui soumit son manuscrit qu’elle trouva intéressant, mais ne « correspondant pas aux critères de la Maison ».
Il continua d’écrire, comptant sur la Postérité. C’était un calcul risqué.
Scribitur ad narrandum, non ad probandum…