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542. La baignoire

dimanche 3 avril 2011

En 1915, le permissionnaire Albert Péladan la remplit de charbon de terre et de tourbe grasse, il est porté disparu au bois de Roucy lors de l’offensive Nivelle. Décembre 1924, une carpe y vit ses derniers jours avant d’être farcie selon la vraie recette d’Askhénazie. Mars 1942, elle héberge un couple de lapins nourris aux fanes et épluchures de rutabagas, à la Libération, la baignoire est vide. En 1971, les têtards péchés dans les ruisseaux du bois de Vincennes se métamorphosent en grenouilles et envahissent l’appartement des époux M. leurs succèdent alors des phasmes-bâton bouffeurs de ronces. Des hommes et des femmes s’y prélassèrent tant que la bonde fut étanche.

Dans un pré, près de Crugny (Marne), elle sert aujourd’hui d’abreuvoir à de languides vaches beiges qui ne soupçonnent pas encore leur triste destin.

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2 commentaires sur “542. La baignoire”

  1. Kotwica dit :

    542 – Piscinae historicas res adversas et varios labores Danielus narravit: mentis festivitas!

  2. Chaque dessin et son texte décalé est un véritable délicieux bonbon à déguster lentement…
    Ces fragments ne sont pas sans me rappeler l’univers d’Alexandre Vialatte .
    Je suis persuadé que , comme lui, vous pensez que « les éléphants sont irréfutables » .
    Il y a du Folon, du Searle, du Ungerer, du Topor dans cet univers graphique qui, pourtant, est profondément singulier et original , au point qu’il n’y a pas besoin de signature. Au premier regard, on sait que c’est Maja….

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