L’épicerie Zurcher était la seule haute bâtisse de l’impasse de l’Avenir, tout autour s’étendaient des friches avec des arbres maigrichons et plus loin les silhouettes des gazomètres… On m’y envoyait faire les courses…
La mère Zurcher semblait une ogresse, c’était une femme forte, mafflue avec de petits yeux vifs enfoncés, je refusais les boules de gomme rouges qu’elle allait chercher dans de grands bocaux de verre…
Je n’ai jamais vu le père Zurcher, une trappe menait à son antre, au sous-sol où il vivait, de là, venaient des grognements, des jurons, des bruits sourds et des coups…
Alors, je m’enfuyais à toutes jambes, sur le chemin, mes galoches faisaient crisser le mâchefer…
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