Gambier fut l’un des grands dionophiles de sa génération. Dans la touffeur humide de son logement, rue Jussieu prospéraient les plus rares des plantes carnivores : céphalotus, dionées, droséras, népenthès et autres byblis et pinguiculas… Un préposé oriental les nourrissait de bestioles qu’il élevait dans cagibi obscur. Il partit en Afrique, il avait découvert une vaste région où ne croissaient que ses chères carnivores ; des troupeaux de zébus s’y engloutirent, une section de tirailleurs avec armes, bagages et un petit canon de 38 n’en revint pas. Dans son journal qu’il confia à Georges avant sa disparition, il décrivait le nectar aphrodisiaque, la douceur des tentacules, la glue divine, la stimulation des poils sensibles, les utricules odorants, la volupté intense de la proie digérée… C’est un document curieux, Georges compte le mettre aux enchères chez Christies.