La vie brève |

323. Ex nihilo…

dimanche 22 février 2009

J’ai connu Georges lors de la débâcle économique, je tentais de me refaire une santé dans les îles. Il avait loué une villa, inachevée faute de crédits. Certaines pièces étaient habitables et d’autres à la merci des caprices météorologiques. La vue y était sublime, cosmique, c’était celle de l’apôtre de l’Apocalypse… Georges vivait en ermite, ses besoins réduits à l’essentiel.
Tous les matins, il posait une toile blanche contre le mur, restait devant elle des heures à rêvasser (il prétendait qu’elle s’imbibait de ses pensées) il allait ensuite la ranger dans un réduit obscur et inscrivait soigneusement sur le châssis, la date et l’heure, puis il descendait au village…
Le lendemain, idem, avec une nouvelle toile blanche…
Quand je l’ai revu, l’année d’après, l’opération était identique, mais sans toile…
Il avait beaucoup progressé…

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